Comment aider un enfant autiste à mieux gérer ses émotions
L'intelligence émotionnelle est une compétence qui pour certains, est aussi difficile que d'apprendre une langue étrangère. C'est d'autant plus vrai en ce qui concerne les enfants et parfois même les adultes présentant un trouble du spectre de l'autisme (TSA). Ils ont souvent du mal à comprendre ce qu'ils ressentent, comprendre ce que les autres ressentent et aussi du mal à interpréter les indices visuels en lien avec ce que les autres ressentent. Afin de les aider dans la gestion de leurs émotions, il faut comprendre qu’une émotion n’est pas choisie : elle survient sans qu’on ait de contrôle sur elle. Pensez à la colère – elle est spontanée, involontaire et elle monte comme un volcan. Par contre, un comportement peut lui, être choisi. En faisant comprendre à votre enfant la différence entre une émotion et un comportement, vous lui montrerez à mieux réagir face aux événements. Mais plus important encore, il vous faudra être en mesure d’identifier la source de toute émotion. Voici donc en 10 points, comment il est possible d'aider un enfant autiste à mieux gérer ses émotions. Identifier la source de l’émotionPour comprendre une émotion et y répondre adéquatement, il faut pouvoir faire la distinction en une émotion primaire et une émotion secondaire. L’émotion primaire est l’émotion ressentie en premier lieu alors que l’émotion secondaire est celle qui découle de cette dernière. Prenons l'exemple d'un enfant qui est en colère et dont celle-ci serait l'émotion secondaire. À première vue, on serait porté à ne voir que la colère et à l'identifier comme une l'émotion primaire. Cependant, si l’émotion dont découle cette colère est un état de stress, un besoin non comblé ou toute autre chose, elle devient alors secondaire. C'est seulement en trouvant l’émotion primaire qu’il sera possible d’aider l’enfant à contrôler sa colère. Pour la personne qui présente un trouble du spectre de l'autisme (TSA), l’anxiété est souvent une émotion primaire majeure qui se produit pour de nombreuses raisons et qui engendre presque toujours une émotion secondaire telle que la frustration, la colère et la détresse. En intervenant seulement sur l’émotion secondaire, nous passons à côté de la cause véritable de l’émotion et il sera impossible de trouver une solution à long terme. Les déclencheurs communs peuvent se décliner en plusieurs évènements. Par exemple, une dispute avec un frère ou une soeur, une mauvaise journée à l'école, une phobie ou une peur. Rappelez-vous, cependant que chaque enfant est unique et que quelque chose qui ne dérange pas un enfant, pourrait être un élément déclencheur pour un autre. Si votre enfant est bouleversé ou effrayé, rassurez-le en lui disant que ce qu'il ressent est normal. Vous pouvez également lui rappeler que de connaitre la cause de ses émotions le rend plus apte à trouver différentes façons de gérer les éléments déclencheurs qui pourront éventuellement se présenter. Pour aider l’enfant à bien identifier ses émotions, il est primordial que vous gardiez à l’esprit qu’il ne sait peut-être pas ce qu’il ressent. C’est pourquoi il sera toujours important de faire un retour sur les événements lorsqu’il se sera calmé. Il sera également important que vous soyez attentif et à l’écoute. Dans la mesure du possible, laissez l’enfant vous dire ce qui ne va pas. Laissez-le trouver les mots. Dans le cas d’un enfant qui serait non verbal, demandez-lui de vous montrer ce qui ne va pas ou ce qui le dérange. En trouvant le besoin ou l’élément perturbant qui se cache sous l’émotion, vous serez en mesure de désamorcer les prochaines crises. IMPORTANT : Ne jamais faire culpabiliser l’enfant sur les sentiments qu’il a pu ressentir. Les sentiments qui suivent une crise peuvent être partagés entre la peur, la honte et la crainte d’avoir mal agi. Expliquez à l’enfant qu’il est normal d’avoir des émotions fortes, et que c’est en les communicants qu’on trouve des solutions. Quelques éléments déclencheurs à la base de l’émotion secondairePlusieurs personnes se situant à divers niveaux sur le continuum autistique expriment leurs émotions d’une manière qui peut sembler exagérée. On pourra voir chez certaines d’entre elles des accès de fou rire, des réactions de panique ou encore des accès de colère importants, et ce, à tout âge. Pour d’autres, on pourra également observer des changements d’humeur soudains. C’est que beaucoup d’entre elles ont des difficultés à nuancer et à réguler leurs émotions. Elles seront absorbées par ce qu’elles vivent au moment même où elles le vivent et feront abstraction des multiples informations contextuelles, ce qui fera souvent en sorte qu’elles seront submergées par leurs émotions. De plus, il est possible que certains éléments fassent en sorte que la personne ne soit pas en mesure d’identifier ou de communiquer adéquatement ce qui la perturbe. Certaines personnes autistes peuvent avoir des difficultés à communiquer, et ce, même si elles sont dites verbales. Elles peuvent parler beaucoup sans toutefois comprendre l’utilité du langage. D’autres n’auront tout simplement pas développé le langage nécessaire pour s’exprimer. Lorsqu’une personne n’a aucun moyen ou que ceux-ci sont en nombre insuffisant pour lui permettre d'exprimer ses besoins et ce qui la perturbe, il est fort probable qu’elle l’exprime par le seul moyen à sa disposition, c’est-à-dire en pleurant et en criant puisque ce dernier est quelque part une forme primitive de communication. Certaines personnes autistes pourraient être hyposensibles ou encore hypersensibles à certains stimuli environnementaux, voir même les deux et tous leurs sens peuvent en être affectés. Temple Grandin, autiste de haut niveau, a comparé ses réactions face à certains de ces stimuli à un disjoncteur qui se déclencherait. Une minute elle allait bien et la minute suivante, elle était sur le sol, à hurler et frapper ce dernier comme « un chat sauvage fou ». Il est possible que les réactions émotionnelles de la personne soient une réaction à certains sons, gouts ou éclairages ou encore à certaines odeurs ou textures. Certaines autres pourraient démontrer un attachement à certaines routines et pourraient se sentir bouleversées et même angoissées lorsque cette dernière serait perturbée. Aider l'enfant à identifier et à reconnaître ses émotionsAssurez-vous que l’enfant comprend les différentes émotions qu’il peut ressentir. Un outil utile pourrait être de dresser une liste ou une charte des émotions. Cette dernière consiste en une série de mots ou d'expressions que vous pouvez utiliser avec l'enfant afin de l'aider à décrire ce qu'il ressent physiquement et psychologiquement. Pour les émotions plus difficiles, la liste peut inclure des mots tels que « triste », « effrayé », « fâché » ou « confus » ainsi que des mots pour identifier les sensations ressenties dans les différentes parties du corps telles que «serré», «tremblant», «douleur» , "moite" et "coeur", "estomac" ou "mains". Ces mots des émotions peuvent être particulièrement utiles pour l'enfant plus jeune qui pourrait trouver plus facile de parler de son coeur qui bat vite ou de ses poings qui se serrent, plutôt que de ce qu'il ressent. Choisissez les mots qui fonctionnent le mieux pour votre enfant. Souvenez-vous, aussi, d'inclure certains sentiments positifs dans la liste, tels qu’«excité», «heureux» ou «fier» afin que vous et votre enfant puissiez également reconnaître les moments où tout va bien. Une fois que votre enfant s'est familiarisé avec les mots et les phrases choisis, encouragez-le à les utiliser pour des émotions négatives, surtout quand vous remarquez un changement évident dans son comportement. Souvenez-vous également que peu importe ce que dit un enfant, il est important de l'écouter et de garder les lignes de communication ouvertes. Pour en apprendre davantage sur comment il est possible d'aider un enfant à reconnaître ses émotions, vous pouvez aussi consulter l’article Comment aider un enfant autiste à reconnaître ses émotions. Laisser l’enfant exprimer ses émotionsPlus l'enfant exprimera ses émotions, plus il sera possible de réduire les émotions négatives qui peuvent faire en sorte que l’enfant se retrouve en perte de contrôle ses dernières. On pourra l'aider à communiquer ses émotions en mettant en place divers outils de communication visuels, tels que le baromètre ou le thermomètre des émotions. Amener l’enfant à reconnaître ce que les autres ressententIl est important que votre enfant apprenne à reconnaître les sentiments d’autrui. En étant capable de lire certaines expressions du visage et en parti le langage corporel des autres, il pourra être plus à même de reconnaître comment les autres se sentent. En lui apprenant à décoder le non verbal, il sera plus facile pour lui trouver la meilleure façon d’interagir avec ces personnes ce qui lui permettra de construire des relations significatives et bénéfiques. Identifier des stratégies d’adaptationVotre enfant doit savoir qu’il est possible pour tout le monde de perdre le contrôle. Toutefois, il est important qu’il sache aussi qu’il est important de mettre des outils personnels en place pour que chacun puisse reprendre le contrôle de ses émotions. Aidez-le à identifier différentes stratégies d’adaptation qu’il pourra utiliser lorsqu’il aura besoin de reprendre le contrôle sur ses émotions. Voici quelques suggestions :
Peu importe les stratégies que vous déciderez de mettre en place pour votre enfant, il est important que vous vous assuriez que celles-ci seront sécuritaires et adaptées à votre enfant, parce que chaque enfant est différent et que chacun aura besoin de techniques différentes pour l’aider à se calmer. Les scénarios sociaux ou histoires socialesLorsque vous avez identifié les éléments déclencheurs qui peuvent conduire votre enfant à perdre le contrôle de ses émotions ainsi que les stratégies qui fonctionnent le mieux pour lui, il peut être utilisé ce que l’on nomme « scénarios sociaux ». Les scénarios sociaux, aussi appelés histoires sociales, sont de petites histoires courtes dont le but est de décrire une situation sociale en terme de réponses attendues. Vous pouvez aussi ajouter des pictogrammes pour chacune des étapes de l’histoire. Vous pouvez également plastifier celles-ci et en faire un livre relié qui sera laissé à la disposition de l’enfant ou encore à la vue dans son coin calme. Prenez le temps de lire et de commenter cette histoire quotidiennement avec votre enfant et avant une situation ou un événement qui pourrait le bouleverser. Ainsi, il sera plus à même de comprendre le bon comportement à adopter en cas de besoin. Exemple d’une histoire sociale
C’est en pratiquant qu’on s’amélioreIl pourrait être une bonne idée d’utiliser le jeu de rôle pour aider votre enfant à faire face à diverses situations. En pratiquant certaines histoires sociales, vous pourriez aider votre enfant à mieux réagir lorsqu’il aura à faire face à certaines émotions. Le renforcement positifUn renforcement positif consiste à « prendre l’enfant en flagrant délit de bon comportement ». Il s’agit tout simplement d’encourager un bon comportement par une interaction positive. Par exemple, vous pourriez faire beaucoup de câlins et de compliments à votre enfant lorsqu’il a un bon comportement, surtout si c’est dans une circonstance qui l’amène parfois à se désorganiser. Retour sur les événementsSi votre enfant est désorganisé et n’est pas en mesure d’utiliser les stratégies d’adaptation que vous avez mise en place, attendez qu’il se calme. Lorsqu’un enfant est en colère ou qu’il a perdu le contrôle de ses émotions, il est fort probable qu’il ne comprenne pas ce que vous essaierez de lui expliquer. Une fois calme, il sera plus à même de penser et de relativiser sur les réactions plus adéquates qu’il aurait pu avoir.En conclusionEn matière de gestion des émotions, il est possible de mettre en place beaucoup de petites choses qui feront en sorte que l’enfant apprendra doucement à les contrôler. Mais la chose la plus importante à ne jamais oublier c’est qu’il est d’une importance capitale de toujours prêcher par l’exemple. Les enfants sont de petites éponges. Certains enfants à besoins particuliers peuvent apprendre beaucoup en observant et imiteront les comportements dont ils auront été témoins, que ces derniers soient bons ou mauvais. Il sera important de vous poser la question à savoir si vous êtes un bon modèle pour votre enfant. Nous sommes humains et il est tout à fait normal de perdre le contrôle de nos émotions à un moment ou à un autre, mais peut-être serait-il bon que nous aussi mettions en place certaines stratégies d’adaptation. Pour aller plus loinPour en apprendre davantage au sujet des émotions chez l'enfant ou l'adulte présentant un trouble du spectre de l'autisme (TSA), nous vous invitons à consulter les sections suivantes : Outils téléchargeables
Jeu éducatif - Jouons avec les émotions Il est toujours plus agréable et facile d'apprendre lorsque c'est amusant Dans cette section, vous pourrez vous procurer le tout nouveau jeu éducatif Jouons avec les émotions sous le thème du film Sens dessus dessous (Vice-versa) concu pour travailler la compréhension des diverses émotions de base.
Jeu éducatif - Mon Émoti'calme Le jeu éducatif Mon Émoti'calme a été pensé pour tout parent qui veut aider son enfant à identifier et verbaliser ses émotions et à mettre des mots sur celles-ci. Il est également est un excellent moyen de faire un retour au calme et un retour sur les événements de la journée de l'enfant. SourcesBeeger, S., Koot, H.M., Rieffe, C., Terwogt, M.M., & Stegge, H. (2008). Emotional competence in children with autism: Diagnostic criteria and empirical evidence. Developmental Review, 28, 342-369. doi:10.1016/j.dr.2007.09.001. Cappadocia, M.C., & Weiss, J.A. (2011). Review of social skills training groups for youth with Asperger syndrome and high functioning autism. Research in Autism Spectrum Disorders, 5(1), 70-78. doi: http://dx.doi.org/10.1016/j.rasd.2010.04.001. Rump, K.M., Giovannelli, J.L., Minshew, N.J., & Strauss, M.S. (2009). The development of emotion recognition in individuals with autism. Child Development, 80, 1434-1447. doi: 10.1111/j.1467-8624.2009.01343.x. Samson, A.C., Hardan, A.Y., Podell, R.W., Phillips, J.M., & Gross, J.J. (2015). Emotion regulation in children and adolescents with autism spectrum disorder. Autism Research, 8(1), 9-18. doi: 10.1002/aur.1387.
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