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Syndrome d'Asperger au féminin

Le syndrome d'Asperger au féminin ou l'errance diagnostique chez la femme Asperger

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Trouble du spectre de l'autisme (TSA) - Syndrome d'Asperger - Le syndrome d'Asperger au féminin ou l'errance diagnostique chez la femme Asperger

 

 

 

Le syndrome d'Asperger chez la femme est encore mal connu. Il y a de fortes chances pour qu'une femme Asperger erre pendant un moment entre un diagnostic et un autre et qu'on lui colle à tort au moins un des diagnostics suivants : 

 

  • Trouble d’anxiété sociale ou phobie sociale (TAS)

  • Trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH)

  • Trouble obsessionnel compulsif (TOC)

  • Trouble bipolaire (autrefois connu sous le nom de trouble maniacodépressif)

  • Trouble de la personnalité limite (TPL)

  • Trouble dépressif majeur (TDM)

  • Syndrome de Gille de la Tourette (SGT)

  • Trouble de l’alimentation

Malheureusement, les femmes Asperger sont encore largement sous-diagnostiquées : on les dira dépressives, phobiques, névrosées, bipolaires, etc., bien avant de poser un diagnostic de syndrome d’Asperger. La grande majorité des professionnels de la santé (médecin, psychiatres, psychologues, etc.) ne connaissent que peu de chose de l’autisme ou en ont une vision très stéréotypée. Alors, imaginez lorsque l'on parle de syndrome d’Asperger qui plus est de syndrome d’Asperger au féminin.

Tony Attwood, psychologue considéré comme l’un des meilleurs spécialistes du syndrome d’Asperger et Judith Gould, psychologue clinicienne spécialisée dans les troubles du spectre autistique, abordent d’ailleurs régulièrement le fait que très souvent les filles diagnostiquées tardivement le soient après des décennies de faux diagnostics ou de diagnostics s’étant arrêtés aux comorbidités.

La raison pour laquelle les femmes se retrouvent souvent non-diagnostiquées, est que les critères de diagnostics sont depuis toujours basés sur les manifestations que l’on retrouve chez l’homme ou le garçon alors que chez la femme ou la fille, les caractéristiques se présentent différemment.

 

Différemment… mais comment?

Pour tenter de gérer leur différence, les femmes Asperger mettent souvent en place des stratégies de compensation. Tony Attwood en définit quatre :

  • En cas de refoulement de leurs pensées et émotions, les femmes Asperger peuvent tomber dans un état dépressif avec culpabilité associée.

  • Fuir le réel est aussi une des solutions. Le monde imaginaire devient une échappatoire, à moins que ne soit développé un intérêt pour un autre pays, une autre culture, une période de l’histoire, ou pour l’univers animalier.

  • Lorsqu’elle exprime ses émotions au lieu de les refouler, elle peut devenir arrogante, intolérante, critique. Elle peut être colérique et ruminer des envies de vengeance.

  • Les femmes Asperger peuvent aussi adopter la stratégie du caméléon pour passer inaperçues. Elles copient, imitent les autres et notamment ceux qu’elles jugent avoir du succès en société. Sur ce point, plus leur niveau d’intelligence sera élevé, plus elle semblera adaptée, par l’appropriation d’un rôle, imité dans ses moindres détails.

Nous sommes ici loin de vision très étroite et très stéréotypée que partage malheureusement une forte majorité de cliniciens.

 

Avoir le bon diagnostic… pas si simple que ça!

La méconnaissance du syndrome d’Asperger au féminin fait en sorte que trop souvent la femme Asperger se retrouve en errance diagnostique se promenant d’un diagnostic à l’autre ou cumulant ces derniers. Il n’est également pas rare de la voir passer d’une médication à une autre malgré le fait que ces dernières aient peu ou pas d’effets sur ses diverses problématiques, médications auxquelles elle est très sensible.

Par exemple, une femme Asperger qui dirait se sentir triste et n’éprouver aucun intérêt pour les relations sociales pourrait recevoir à tort un diagnostic de dépression majeure. La même chose serait vraie d’une personne qui quitterait rarement la maison, qui aurait peu de relations sociales ou qui manquerait d’intérêt pour les activités sociales. Dans ce cas précis, le psychiatre ou psychologue pourrait regarder ces comportements atypiques et voir ces derniers comme étant des signes de dépression plutôt que des traits autistiques. Alors que le traitement pour la dépression peut être justifié, le traitement seul de cet aspect sans se soucier de la capacité d’adaptation de la personne autiste pourrait entraîner de la frustration tant chez le professionnel que chez la patiente.

Même chose en ce qui concerne les troubles anxieux qui sont couramment diagnostiqués chez la femme Asperger. Trop de cliniciens ne parviennent pas à différencier l’anxiété sociale irrationnelle qui correspond à la définition d’un trouble et la crainte relationnelle de l’interaction sociale qui se produit lorsqu’une personne a du mal à lire le langage corporel ou à suivre une conversation dans une pièce bruyante.

Dans d’autres cas, prenons par exemple celui d’un Trouble de la personnalité limite, les effondrements émotionnels (ou autistiques) peuvent être confondus avec de l’instabilité émotionnelle.

Malheureusement, encore aujourd'hui, les filles sont souvent diagnostiquées avec un trouble de la personnalité limite alors qu'elles auraient dû recevoir un diagnostic de trouble du spectre de l'autisme. De même que certains hommes sont souvent sous-diagnostiqués avec un trouble de la personnalité limite et qu'on leur donne un diagnostic de trouble du spectre de l'autisme à tort, le trouble de la personnalité limite (ou borderline) étant encore couramment vu comme un problème féminin.

Un grand nombre de signes ou de caractéristiques (symptômes) du syndrome d’Asperger sont similaires au trouble de la personnalité limite conduisant à un diagnostic erroné. Ces derniers peuvent inclure un trouble de l’alimentation comme l’anorexie, de la difficulté à maintenir des relations, le fait de sentir différent des autres et avoir des difficultés à s’intégrer, avoir de la difficulté à comprendre les relations sociales, etc.

De plus, le trouble de la personnalité limite est largement surdiagnostiqué chez les personnes sujettes à l’automutilation et pour une raison simple : l’automutilation était totalement absente du DSM IV sauf comme critère du trouble de la personnalité limite. Certaines études ont démontré que 50 % des personnes diagnostiquées avec une personnalité limite qui s’automutilent ne le sont plus si l’on enlève ce critère, sans compter celles qui ne sont diagnostiquées que par ce critère sans présence d’un autre. Or, justement, l’automutilation n’est plus mentionnée au sujet du trouble de la personnalité limite dans le DSM V.

Cet exemple à lui seul suffit à démontrer que le trouble de la personnalité limite n’est pas encore bien défini et qu’il faudrait un petit moment aux professionnels pour mieux le diagnostiquer et le comprendre.

Cependant, il est à noter que le trouble de la personnalité limite et le syndrome d'Asperger peuvent coexisté.

 

En conclusion

Les filles et les femmes Asperger sont différentes, non pas sur le plan des caractéristiques de base, mais en fonction du comment elles y réagissent. Les cliniciens ont besoin d’un modèle de base cohérent afin de mieux comprendre le modèle féminin du syndrome d’Asperger et d’assurer un diagnostic précoce chez la femme, une meilleure compréhension de ce qu’elle est et l’accès pour elle à un soutien efficace.

Pour le syndrome d’Asperger au féminin, comme pour beaucoup de problématiques de santé mentale, il est important d’apprendre à connaitre ce qui le caractérise. De comprendre pourquoi elle réagit d’une certaine façon dans une certaine situation sera souvent la seule chose qui aidera la femme Asperger à faire la paix avec un passé parfois difficile ou douloureux, de trouver des solutions efficaces pour paliers à certaines problématiques ou comportements actuels, d’avancer pour le mieux et d’avoir une meilleure perspective d’avenir.

Recherche et rédaction : Stéphanie Aube Labbé
Dernière mise à jour : 23/01/2020 12:55 PM

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